Paisible après-midi
La satyre allait bon train depuis des jours maintenant. Elle avait quitté Fleur, son amante d’un voyage au port, mais plus qu’une simple relation, cette jeune femme lui avait montré une Voie à suivre et, tout comme KCT et Aliénor, lui avait fournis l’espoir nécessaire. Elle restait cependant prudente, les Chasseurs de Hérauts, ces briseurs d’aîles, pouvaient se trouver n’importe où. Fort heureusement, elle n’était pas comme tout ces étrangers, elle ressemblait à n’importe quelle autre Satyre et à Gondone elle passait pour ainsi dire inaperçue. Munie de sa flûte, de sa voix et de son envie perpétuelle de danser, elle se sentit rapidement proche des Gondoniens qui ne la gênaient que bien peu souvent. Ils la trouvaient parfois un peu trop fainéante, bien entendu, et auraient préférés qu’elle aide à construire des choses plus intéressante pour la communauté, mais au moins elle ne lui causait pas de tort et ils la laissait donc vivre en paix.
Elle remontait tranquillement vers le Nord, demandant à rencontrer la personne qu’on lui avait conseillé, Arkazock, qui construisait une communauté pour les Hérauts. Une fois qu’elle avait posé cette question elle ne restait pas bien longtemps, de peur que des gens ne se demandent pourquoi une satyre voulait voir cette dryade paria et ne comprenne donc son dangereux secret. Elle aurait volontiers également questionné sur les Voguenuits mais elle sentait quelque part au tréfond de ses entrailles que ce n’était ni le bon moment ni la bonne manière. Si elle allait se jeter dans les bras de la piste que lui avait indiqué Fleur tout de suite, elle prouverait toute seule qu’elle ne méritait pas sa liberté. Le sens de ce mot et de ces gens lui viendrait en temps et en heure, en attendant elle pouvait profiter de la vie telle qu’elle se présentait.
Finalement on lui indiqua un bois qui était censé contenir l’ébauche de fraternité de la dryade, bien que certaines personnes l’ait mise en garde sur cette créature qui, soi disant, était capable de répandre la pourriture, une honte pour son espèce lui avait-on dit. Mais la conteuse qui avait grandis à Tirione avait appris à ne pas écouter les gens qui médisaient des autres sans se faire un avis en premier lieu. Après tout, dans son ancien pays, elle était une honte par son existence même, une erreur de la nature, seuls les elfes et les humains avaient droit de cité dans ces contrées horribles.
L’après-midi était à peine entammée quand Syripso rentra dans les bois où elle eût tôt fait de trouver une source qui voguait tranquillement entre les arbres. Enfantine, la barde y déposa un rondin de bois, bateau miniature, et le regarda filer comme les gouttes d’eau et disparaître de sa vue. Libre de son habillement elle ne portait qu’un pagne et un bandeau pour cacher sa poitrine, une habitude qui lui restait de son ancienne maison. Après tout ici elle avait croisé de nombreux satyres complètement dénudés, gardant leurs poils comme seule protection et s’il n’y avait aucun doute que le reste de pudeur de la flûtiste partirait avec le temps, elle ne souhaitait se forcer à rien.
S’asseyant au bord du cours d’eau, elle y plongea donc ses sabots et le haut de ses pattes avec un soupir de satisfaction et se laissa tomber en arrière dans l’herbe douce qui lui chatouillait le dos pour contempler le ciel à travers la frondaison des arbres. C’était une bien belle journée il fallait le dire. Doucement elle se mit à fredonner des airs sans queue ni tête et surtout sans paroles, comme elle aimait à le faire, observant les oiseaux voleter de branches en branches et rêvant de s’envoler avec eux.
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