M'aura-t-on déjà dit que...
Je me trouvais dans le sanctuaire de la Source d’Ivia. Cette dernière ne se trouvaient plus entre les mains de la magnifique statue en marbre de la Sage Serana, mais dans un petit coffret que j’avais toujours conservé à ma ceinture depuis que l’on m’avait nommé gardien de la source, cinq ans plus tôt, depuis cette triste affaire concernant Yorick Galwen. J’étais donc la seule personne autoriser à conserver l’orbe magique et à pouvoir l’utiliser dans une situation critique. Cette responsabilité m’avait toujours mis mal à l’aise, mais, puisqu’il s’agissait de mon devoir, je mettais mes appréhensions de côté. Afin d’oublier ces craintes, je me rendais très souvent dans cette salle pour profiter de l’atmosphère de calme et du doux parfum des jardins entourant le sanctuaire. Et, dans le but de fortifier mon esprit, cela faisait désormais plus d’un mois que j’avais débuté un régime strict limité à quelques fruits et à une miche de pain par jour. Je comptai bien le faire durer une petite semaine de plus, rien de bien compliqué donc. Laissant mes pensées voyager librement, je me demandai comment se portaient les autres. Cela commençait à faire un petit moment que je ne les avais pas vus.
C’est alors qu’une voix interrompit ma méditation. Raisonnant directement dans mon crâne, elle semblait pourtant incroyablement distante, se rapprochant lentement à chaque instant. Soudainement, l’atmosphère changea. Un silence pesant était apparu tout autour de moi, la fragrance des fleurs s’était volatilisée et la douce chaleur de la salle avait été remplacé par un froid morbide. Portant ma main droite sur la garde de Stamatios, prêt à dégainer si nécessaire, j’ouvris les yeux. Qu’importe la direction vers laquelle ils se tournaient, je ne pouvais qu’observer une vaste étendu vide. La voix s’intensifia et je pus identifier une bribe de phrases :
- Héraut, viens à ma rescousse, disait-elle comme si elle s’apprêtait à s’éteindre à n’importe quel moment. Prouve ta valeur et viens me libérer des affreuses chaînes que l’on m’a imposé.
- Qui parle ? Qui êtes-vous ?
Mais avant que je puisse recevoir une seule information, l’obscurité reprit possession des lieux et j’eue immédiatement l’horrible sensation de chuter. Au moment auquel j’allais pousser un cri, je sentis mon dos heurter le sol. Je grognai sous la douleur qui envahissait l’entièreté de mon corps. Je restais ainsi quelques instants sur le sol, cherchant à comprendre ce qu’il se passait. Quand je fus en état de bouger, mon premier réflexe fut de vérifier l’état de l’orbe. Fort heureusement, il n’avait rien. Ensuite, je jetai un rapide coup d’œil à mes lames. Je fus extrêmement surpris de voir que mes deux épées étaient émoussées. Le métal-étoile avait la réputation de ne jamais nécessité d’entretien, mais je supposais que j’allais devoir trouver une forge si je voulais que Stamatios et Isokrates redeviennent fonctionnels.
Je me relevais lentement, observant les environs et essayant de me situer. Une région montagneuse, parcourue par un vent certes léger, mais qui n’hésitait pas à mordre chaque partie de mon corps qui avait le malheur d’être exposé à l’air libre. J’étais juste en dessous d’un pierrier qui me paraissait plus qu’instable et je pouvais voir un petit bosquet non loin. Mon but premier était de me trouver un endroit à l’abri du vent et d’ensuite partir à la recherche d’indication sur ma location. Il n’y avait pas beaucoup de montagnes en Itille, mais avec le froid qui régnait ici, j’avais peur de me trouver dans un coin paumé des royaumes du Nord. Mon instinct était affolé, quant à lui, si bien que je craignais presque de ne plus me trouver dans un territoire du monde connu.