De nouveau de sortie aux alentours de la rivière de flèche, la rouquine avait en ce moment besoin d’air et de calme. Elle se remémorait son ancien monde, sa vie à la capitale et ses excursions pour fuir la foule, tout cela ressemblait maintenant à son début d’existence à Lerry. L’entremise avec le jarl de la grande ville arriverait bientôt et elle allait enfin pouvoir se fixer un avenir avec Orina, l’impatience était forte à cette idée, bien entendue, mais l’angoisse l’était tout autant, raison pour laquelle elle avait décidé d’aller se dégourdir les jambes là où seul le souffle du vent et le craquement de la glace pourrait venir la déranger.
Au bout d’une heure de marche, elle arriva au coude de la rivière qui était le plus proche de la capitale de Gothregal, et resta ainsi plusieurs minutes, à contempler la glace miroitante qui recouvrait cette portion du fleuve. Tremblante, elle finit par s’asseoir dans la neige et par se blottir dans son manteau blanc, reliquat de leurs premières journées de voyage avec son ancienne fille adoptive. Désormais, la veste ne protégeait plus vraiment du froid, les poils de la fourrure s’étaient élimés et la majorité s’en étaient tout simplement allés, la peau quant à elle était trouée par endroit, raccommodée difficilement (Aki était vraiment une très mauvaise couturière), les fils qui la tenait s’écartaient de plus en plus, laissant des passages aisés au blizzard qui ne se privait pas de venir geler son occupante. Pire encore, les vêtements qu’elle portait sous cette bien piètre couverture étaient autant, si ce n’était plus encore, dans un état déplorable, laissant voir sa chair blanche par parcelle. Bref, elle était frigorifiée, c’était peu de le dire.
Claquant des dents, elle se frottait encore les épaules en escomptant se réchauffer quand un bruit attira son attention. Etait-ce un énième craquement sourd de la glace ? Le passage d’un animal ? Ou quelque chose de plus dangereux ? La rousse (qui n’était pas vraiment discrète dans cet environnement blanc), se redressa d’un coup et tâtonna pour chercher son arc pendus dans son dos, bien que ses doigts glacés ne soit pas vraiment efficace pour attrapper une flèche ou tendre la corde. D’une voix grésillante et étouffée par un sérieux mal de gorge, elle s’enquit de la présence de quelqu’un.
- Qui est là ?Son souffle blanc courut s’échapper dans les airs alors qu’elle attendait une réponse et espérait qu’il n’y en ait aucune.