Maison hantée
Après s’être fait soigner à Lerry, Niasci avait rencontré une première difficulté en ville : l’argent. Elle maîtrisait assez mal ce concept mais les guérisseurs qui s’étaient occupés de lui appliquer cataplasmes et pansements lui réclamaient désormais un paiement. L’Ondine n’avait évidemment pas d’or sur elle et ne savait même pas comment s’en procurer. On lui avait donc signalé que la ville et des habitants cherchaient régulièrement des personnes de passage à payer à bas prix pour remplir des petits travaux. Elle dut signer une reconnaissance de dette qu’elle ne comprenait pas qui garantissait qu’elle allait les payer dans un délai d’une semaine.
Ce document n’avait pas la moindre valeur aux yeux de Niasci mais elle comprenait qu’on ne vive pas comme dans son clan et savait que beaucoup de sociétés évoluaient avec le troc. L’or était pour elle un intermédiaire inutile mais elle était reconnaissante et voulait remercier les herboristes à leur façon.
Elle s’était donc rendue devant un panneau de petites annonces afin de les éplucher et de voir si quelque chose pouvait être dans ses cordes. La majorité des petites annonces recherchait du monde pour travailler sur les chantiers, des aides temporaires dans les boutiques ou des personnes prêtes à remplir des corvées pour des personnes âgées. La plupart de ces demandes n’intéressaient que peu Niasci : elle n’avait pas de compétence en construction et ses blessures récentes, bien que pansées, était encore fragiles et elle devait éviter de porter toute la journée de lourdes charges.
Elle s’attarda finalement sur une annonce qui semblait dater un peu. Elle était jaunie et un peu ondulée, probablement touchée par la fumée et la pluie qui tombait régulièrement dans la ville. Celle-ci cherchait une personne pour débarrasser une vieille dame d’étranges bruits dans sa maison. Le document précisait : « Exorciste bienvenu ». Cette précision avait dû effrayer les potentiels candidats mais Niasci ne laissa pas impressionner : sa dernière expérience avec un supposé spectre avait été désagréable mais pas dangereuse et la créature avait rapidement disparu dès les premiers coups. Niasci voyait donc cela comme un travail facile.
L’Ondine arracha l’affichette pour récupérer l’adresse. Connaissant très mal la ville, elle s’arrêta à plusieurs reprises afin de demander des indications aux passants. Allant d’avenues en rues et de rues en ruelles, sous les conseils d’une jeune femme, elle finit par s’engouffrer dans un petit passage étroit où devait se trouver l’entrée de sa destination. Elle laissa filer les numéros jusqu’au numéro indiqué sur l’annonce. Le bâtiment était étroit et donnait l’impression d’être tordu tellement il était haut et enserré entre d’autres bâtisses. L’endroit n’était pas très engageant : la plupart des fenêtres étaient bouchées par des planches de bois, la rigole dans la rue était bouchée et remplie de déjection, emplissant l’atmosphère d’une désagréable odeur lourde et humide qui se collait aux vêtements.
Niasci attrapa un heurtoir usé où on pouvait à peine deviner une forme de lion. Elle frappa quelques coups francs et attendit qu’on vienne lui ouvrir. Après quelques secondes, on vint lui ouvrir. Elle découvrit une vieille femme au visage émacié et à la peau tannée par le travail dans le vent et le froid. Niasci lui mit le papier arraché sous les yeux en oubliant de la saluer :
- Je viens pour l’annonce.