La petite armée cria à tous ceux voulaient l’entendre :
Nous allons tuer Vic-tor-tor.
Pfff, Victortor, on dirait un nom de canard !
Silence, chafouin ! Allez, joignez-vous à … hic… les vengeurs de … hic… Lerry !
Et à tous les lâches qui sont partis trop tôt, vous nous devrez une bière et une grosse !
Comme ma hache !
Ils éclatèrent tous d’un rire gras et brouillant qui poussa beaucoup d’habitants de la rue à aller voir ce qui se passait sous leurs fenêtres. Victor interpella tout le monde et chacun lâcha son occupation pour prendre les armes et se préparer au pire. Tandis qu’ils insultaient les habitants qui les invectivaient de faire moins de bruit, ils allèrent tambouriner à la porte de la boutique à plusieurs mains, faisant trembler le lourd portail de bois.
Victooooooor, on est lààààààààà. Donne-nous ton ooooooor.
Rends l’ooooor Victoooooor. Hahahahahah
Allez les gars, on défonce la porte !
Ils prirent tous de l’élan et foncèrent sur la porte maladroitement. Au vu de leur taux d’alcoolémie, ils ne parvinrent qu’à se foncer mutuellement dedans, ne faisant que vibrer la porte mais sans altérer une seconde le lourd verrou de fer qui la maintenait fermée. Ils s’insultèrent copieusement, accusant chacun d’être responsable de l’échec et de la bosse qu’il ne manquerait pas de gagner après ce choc. Alors qu’ils se préparaient pour un nouveau bélier humain, Victor alla déverrouiller la porte et intima à tout le monde de se placer sur le côté, prêt à intervenir. Les apprentis obéirent, voyant ce que le maître voulait faire : les pousser à s’écraser au centre de la boutique sous leur élan pour qu’ils soient parfaitement mûrs pour une embuscade.
Ils n’en eurent cependant pas le temps puisque des gardes, prévenus qu’il se passerait peut-être quelque chose, avait ajouté à leur ronde plusieurs passages par ce quartier et ils tombèrent sur les ivrognes. Ils les stoppèrent dans leur mouvement en les interpellant. Ainsi arrêté dans sa course, l’un d’eux tomba directement ventre contre terre, se salissant de terre, de poussière et d’excréments jetés par les habitants dans les rigoles de la ville afin qu’ils puissent rejoindre les égouts à la prochaine pluie. Les hommes, penauds, se redressèrent devant les gardes en s’époussetant :
Toutes nos excuses monsieur le garde, on a fait un truc pas bien.
Les gardes les regardèrent, ils avaient l’air pitoyables avec leurs joues rougies, leurs yeux injectés de sang et leur haleine abominable. Le garde leur demanda ce qu’ils étaient en train de faire et les hommes répondirent qu’ils rendaient justice.
Vous n’avez pas à rendre justice vous-même ! Allez voir notre bon Jarl si vous avez besoin d’un juge. En attendant, vous étiez sur le point de violer une propriété privée dans le but de tabasser ses occupants et quelque soit votre raison, vous n’en avez aucun droit ! Vous allez me suivre et tout de suite. Vous avez de la chance, je vais juste vous mettre en cellule le temps que vous dessouliez mais si je vous reprends à faire ça, c’est direct devant le Jarl, c’est compris ?