Remettre à flot
Maintenant que j’étais au courant de ce qu’il se tramait à ce fameux conseil des hérauts, je ne pouvais décemment rester à Heabury, où les risques de me faire repérer et ficher en tant qu’un des invoqué de la Dame restait trop important, surtout si je continuai à me soucier des problèmes de petites filles et de vases brisés. J’avais donc sans plus attendre quitter la capitale de Tirione pour prendre la route vers la côte nord du pays. J’espérai y trouver un coin tranquille où personne n’allait se soucier de qui j’étais. Mes forces revenaient petit à petit, mais j’étais encore loin de pouvoir affronter un véritable danger. J’étais donc en quête de travail pour me renforcer physiquement. Je savais que les villages littoraux et les ports avaient très souvent besoin de main d’œuvre, puisque la mer restait le moyen le plus pratique pour transporter des marchandises aux quatre coins d’une nation entourée par l’eau. On y avait donc toujours besoin de muscle pour porter des caisses ou aider sur les chantiers. J’avais donc passé plus d’un mois à enchaîner les petits boulots que l’on voulait bien donner à un inconnu.
Cependant, au fil des jours, j’avais remarqué une certaine tendance : le trafic maritime ralentissait de plus en plus. La raison de ce fait ? La mer semblait s’agiter de manière crescendo, augmentant les risques encourus lors d’un voyage. De nombreux avaient payé les frais des tempêtes qui s’intensifiaient et se multipliaient sans que personne n’y comprenne quoi que ce fut. En quelque sorte, c’était une véritable aubaine pour moi, car même si la situation était loin d’être plaisante pour les natifs et que je ne prenais aucun plaisir à les voir craindre pour leur quotidien, j’avais de plus en plus d’opportunité pour travailler. Je faisais d’ailleurs attention de ne jamais trop demander en retour de mon travail, ne souhaitant pas les mettre plus dans l’embarra qu’il ne l’était déjà.
J’arrivai un matin dans un petit village portuaire qui avait été complétement ravagé la veille par une énorme tempête. Les tuiles avaient été envoyées aux quatre vents, quelques murs menaçaient de s’écrouler et, bien sûr, la plupart des bateaux de pêche qui assuraient vivre aux habitants avaient été retourné ou trop abîmé pour être utilisable dans leur état. Attristé devant un tel désastre, je proposai mes services à un homme qui semblait superviser les réparations et qui devait sûrement être le chef de ce village. Il fut tenté de me repousser de prime abord, mais m’accorda finalement sa confiance, voyant que je n’avais pas mauvais fond et que je ne souhaitais pas simplement profiter de la situation misérable de ces pauvres bougres.