Avec : Svenbjornn

A en juger par la grimace qu’eu le jeune garçon à l’évocation de sa blessure, il semblait qu’elle était encore assez douloureuse. C’était logique, la plaie restait très récente, mais elle n’était pas si grave. Aucune greffe de peau n’allait devoir être opérée, et dans les prochains jours il irait bien mieux si son métabolisme fonctionnait correctement. Il se permit même de plaisanter un peu sur le fait qu’une wyverne dressée lui serait bien pratique, mais… il fut donc interrompu par l’arrivée des Lamias qui nous mirent en joue, attendant un ordre pour nous relâcher ou autre. Evidemment, il ne comprit pas ce geste, que je lui expliquais d’une voix calme, comme si je n’étais pas du tout menacée.

‘’Même si nous les avons sauvées de cette créature, il reste tout de même que nous restons des intrus sur leur territoire. Leur matriarche, si je suppose qu’il s’agit d’une qui est à leur tête, devrait arriver sous peu pour décider de notre sort. Néanmoins, le fait est que nous ayons protégée leur village devrait nous permettre de nous attirer quelques sympathies.’’

Et dans le même instant, il essayait de voir celle qui nous avait amenée jusqu’ici, sans succès dans l’immédiat… Je fis donc une rapide description de la lamia, pour l’aider :

‘’Cheveux verts et désordonnés arrivant jusqu’au bas du dos. Grands yeux jaunes. Corps rougeâtre et tacheté. Elle n’est pas en vue actuellement, et je suis dans l’incapacité de dire si elle a survécut à cet affrontement.’’

Puis, il se posa la question de si elles nous comprenaient. Il était probable que cela soit non, néanmoins…

‘’Il est fort peu probable que ce soit le cas, néanmoins je demeure prudente. Il n’est pas impossible qu’elles disposent d’une personne apte à traduire notre langue. Donc dans ces conditions, il serait préférable que j’évite d’exposer nos voies d’évasion, afin d’éviter qu’elles ne soient barrées directement, et donc que nous ne nous retrouvions bloquées ici.’’

Dans l’attente, il semblait angoisser un peu, avant d’essayer à pratiquer un peu sa magie pendant que les gardes Lamias semblaient s’inquiéter des leurs, des blessés et des incendies qu’ils ne pouvaient s’occuper à cause de nous, ou tout du moins l’ordre qu’ils avaient. Toutefois, pendant que l’enfant s’exerçait, et que nous frôlions l’incident diplomatique à cause d’une gaffe de sa part, je vis à l’autre bout de la place un attroupement s’avancer vers nous, composé d’une demi-douzaine de lamias, dont une qui se distinguait par sa taille et ses parures qu’elle portait. Une grande couronne de plume de paon, cela avait de quoi impressionner.

‘’Il semble que nos hôtes soient là-bas… Et il semble aussi que la lamia que nous ayons vue précédemment se trouve là-bas, aux côtés de la matriarche. Dans tous les cas, l’heure approche.’’

En effet, en quelques dizaines de secondes, voilà que l’ensemble de la troupe, escortée par deux gardes surarmées, vint à notre rencontre. Directement, la matriarche commença à faire de grands gestes, pour faire en sorte de s’exprimer, dans une langue uniquement composée de sifflement. Elle se prenait à faire des gestes glorieux, mimant tour à tour l’ensemble de la scène. Imaginez un instant ce que donne une lamia en train d’imiter une wyverne. C’était un peu près ça. Au moins n’avaient-elles pas peur du ridicule.

‘’Liz ?’’

‘’Auuuucune idée !’’

‘’Je vois… Et je suppose qu’elles ne connaissent pas véritablement non plus la langue des signes… Cela risque d’être un problème pour communiquer… Et cela est le plus grand problème. Nombre de guerre et de conflits ont pour origine des problèmes de communication.’’

‘’Alors… Pourquoi ne pas parler normalement ?’’ Demanda une des lamias, celle que nous aviosn aperçue en premier. Son accent était un peu prononcé, parlant un peu en sifflant, mais au moins… Bon sang, elle parlait ! Cela allait nous simplifier les choses.

‘’Je vois. Si vous pouvez nous servir d’interprète, cela permettrait au moins d’éviter que nos propos soient mal jaugés par votre dirigeante.’’ Elle répondit en sifflant tout en se tournant vers la reine, pour reprendre à voix calme :

‘’Le peuple des Lamias des forêts occidentales vous présente ssses humbles respects. Vous avez tué la bête qui menaçççait nos foyers et nos vies. Normalement, nous vous demandrions promptement de partir, mais les cccirconstanccces nous obligent à vous demander une nouvelle fois de l’aide. Des vies sssont encores en jeu. Si vous nous aider une nouvelle fois, nous vous récompenssserons avec des trésssors que nous trouvons dans les forêts et les grottes environnantes.’’

Etant donné que les gardes n’avaient pas encore baissés leurs armes, cela ne semblait pas être véritablement une humble demande… Mais bon…

‘’Svenbjornn, que souhaitez-vous ?’’

Avec : Svenbjornn

La lamia parlant notre langue :

Je croisais simplement les bras devant la proposition qui nous avait été faite. Que devais-je croire ? Les bonnes volontés d'un peuple qui avait besoin d'aide après une terrible attaque ? Les lances qui demeuraient pointées dans notre direction ? Les gestes ridicules de celle qui se présentait comme étant leur matriarche ? Rien de tout cela ne me disait de bonnes choses, et même si Svenbjornn ne réussissait pas à retenir ses rires quand aux manières de nos interlocuteurs, j'étais bien plus refrognée que lui, ne riant point. Le serpent était toujours représenté comme le symbole de la fourberie, et ce n'était pas sans raison... Cette créature qui paraissait maladroite possédait dans les faits de puissantes attaques, avec son venin... Et si l'enfant commençait à poser des questions, c'était plutôt maladroitement. Ce qu'elles attendaient, c'était une réponse, claire et nette.

''Le problème... A vous de choisir.'' Commençai-je, avant de décroiser les bras. ''Soigner des blessés, réparer des bâtiment, éteindre les incendies, récupérer de l'eau et de la nourriture, protéger les endroits sacrés et offrir une sépulture à ceux qui sont tombés. Il y a beaucoup de tâches à faire, mais soyons réalistes, certaines ne nous sommes pas accessibles. Nous ne connaissons ni l'architecture ni l'anatomie des Lamias, ni leurs rites. Je vais m'occuper de porter secours à ceux qui peuvent-être encore captifs des flammes. Liz, essayer de contenir les incendies.''

''Je ne pourrais pas faire apparaitre autant d'eau, j'ai déjà utilisé une grande partie de ma magie, et...''

''Alors téléportez-en. Svenbjornn, prenez cette rune, et mettez-là au fond d'une rivière ou d'un lac. Si les Lamias ont établies un village ici, c'est qu'il doit y avoir une source d'eau douce non loin !'' Sur ces mots j'avançais d'un pas, m'approchant du bord du cercle, où l'une des lamias pointa sa lance au niveau de ma gorge. Je pris calmement l'épieu, avant de le casser d'un simple mouvement de poignet, pour dire à celle qui comprenait notre langue : "Ne considérez pas que je fais ceci parce que j'y suis contrainte."

Après avoir quittée le cercle, je commençais à courir vers les incendies toujours présents, en compagnie de Liz, avant de la laisser à portée, le temps que Svenbjornn s'occupe de mettre la rune. Mais pendant ce temps, dans les bois, des personnes étaient coincées et souffrantes, captives des flammes. Il ne fallait pas que je traine. C'est donc d'une grande charge d'épaule que je percutais un mur enflammé, fragilisé par la chaleur, avant d'inspecter très rapidement l'intérieur. Du sang. Les poutres qui étaient tombées ici avaient frappées directement les occupants. La présence d'un corps en train d'être calciné m'indiquait que la victime ne s'en était pas réchappée. Je devais poursuivre... Sous les meubles peut-être. En effet, des corps inconscients, probablement ceux d'enfants de leur espèce. Ils respiraient encore, mais faiblement. Avec toutes les vapeurs qu'ils avaient dût respirer, leur survie était incertaine. Mais je devais tout de même poursuivre, et ce fut avec deux inconscients que je sortais, sans faire preuve d'héroïsme, alors que mon corps était roussi par la chaleur, et noirci par la fumée. Une chance d'être robotique, auquel cas j'aurais probablement été incapacité moi aussi.

Avec : Svenbjornn

De deux choses. La première était que je n’étais pas une bonne infirmière. Je connaissais quelques bases évidement, telles que faire un bandage ou remboiter une articulation, mais cela s’arrêtait là. Mon corps était naturellement beaucoup moins sain que ceux des autres individus, et l’absence totale de combinaison rendait cela assez dangereux biologiquement. Et puis… Le bouche à bouche. Autant dire, une tâche qui m’était impossible. Je laissais en tout cas le soin des blessés aux lamias, qui demeuraient impuissantes face aux flammes. Etant des créatures à sang froid, forcément elles se retrouvaient un peu démunies face à une telle source de chaleur, cela risquant de créér un écart trop brusque de température qui leur serait fatal.

De ceux que je ramenais, je ne me faisais pas d’illusion. Beaucoup d’entre-eux ne survivraient pas. Trop blessés, trop intoxiqués, et la faiblesse des supports magiques présents n’aidaient pas vraiment. Dans tous les cas, ce peuple semblait mettre en priorité le fait que nous étions des étrangers au fait de sauver les leurs, ce qui était dommageable…

Dans tous les cas, je sortais une nouvelle fois d’une maison, avec cette fois-ci la particularité que cette dernière s’était effondrée sur moi. Sans grande surprise, aucune personne n’était encore en vie à l’intérieur, et mon corps demeurait véritablement trop rougi par ceci. Quelques visages inquiets se firent voir, quant au fait que j’avais peut-être passé l’arme à gauche, mais non, point encore. Liz était quant à elle bien occupée. Dès qu’elle avait sentit l’activation de la rune, elle avait commencée à déversée de grandes quantités d’eaux vers les environs, éteignant les incendies les plus menaçant pour terminer par ceux qui étaient encore en train de terminer de ronger du bois calciné. En quelques minutes, le plus gros de la tâche était réalisé, et maintenant plus aucune vie n’était en jeu. Svenbjornn arrivait par ailleurs vers ces instants là, donnant des plantes que je supposais médicinales aux Lamias, qui soignaient les blessés.

Toutefois, il signalait par le même instant… Qu’il pensait qu’elles n’étaient pas méchantes ? Enfin, pas tous ? Pourquoi pensait-il cela ? Ah oui… C’était un enfant.

‘’Aucun peuple n’est foncièrement méchant ou foncièrement bon. Aucune personne ne l’est en fait. Chaque personne à un caractère, des objectifs, qui amènent à des actions. Des gens s’opposent pour ça, par ces actions. Le concept de bien et de mal varie selon les individus, la culture qu’ils ont et les expériences qu’ils ont vécus. La magie peut-être très bien vue, ou à l’inverse être redoutée.’’

Je m’assis en tout cas, sur un tronc un peu calciné qui était tombé, avant de regarder l’enfant et la fée, qui prenait elle aussi une pause.

‘’Nous avons fait le nécessaire. Je pense que nous pouvons partir maintenant. Je ne sais pas si cela est nécessaire de récupérer leurs trésors. Nous sommes dans notre droit, mais ils en auront surement bien plus besoin que moi. Enfin, tout dépend de ce qu’ils sous-entendent, étant donné qu’ils vivent isolés, je ne pense pas que ce soit la valeur monétaire des choses qu’ils possèdent qui les intéressent.’’

Avec : Svenbjornn

Le calme commençait à retomber dans la clairière. Avec le corps de la bête effondrée non loin, les habitants allaient surement avoir de quoi se nourrir et se défendre, à l’aide de la chair et des écailles de cette créature. Maintenant qu’elle était morte, elle ne risquerait plus d’être aussi dangereuse, mais il fallait demeurer prudent face à de telles créatures dont la physionomie n’était pas connue. Il y avait par exemple dans mon monde une créature qui empoisonnait son corps lors de son décès, et qu’il fallait donc éviter de manger pour éviter de violentes douleurs, ou pire, la mort chez des êtres à la constitution fragile.

Concernant Svenbjornn, il semblait être un peu surprit du choix de KCT, mais il accepta, considérant lui aussi qu’il n’en aurait pas trop besoin. Après tout, selon les trésors, il n’était pas impossible qu’il puisse à devoir transporter ça, et si l’objet était trop volumineux, cela serait un affront que de le refuser en face à face. Dans tous les cas, il semblait être un peu trop optimiste en pensant que la rumeur se répandrait aussi facilement, mais… il n’était pas impossible que d’autres colonies de Lamias puissent avoir entendues leurs exploits.

‘’Peut-être, peut-être que non. Dans tous les cas, il reste peu probable que nous soyons amenées à en rencontrer d’autres, étant donné qu’elles vivent an autarcie. Toutefois, à Gondone… Selon les histoires que l’on raconte sur cette terre, il semble que le nombre de communautés de cette taille soit beaucoup plus important qu’ailleurs. Tu risques donc d’être confronté à bien plus de tribus que nous.’’

‘’Je me demande s’il y a des tribus de fées qui vivent là-bas…’’

‘’Certainement. Si nous nous y rendons un jour, nous pourrions envisager d’en rechercher une.’’

Dans tous les cas, suite à cela, les au-revoir se faisaient. Nous devions nous retrouver à Heabury d’ici une semaine ou plus, en fonction de sa vitesse de marche et de comment j’allais pouvoir m’occuper de mes affaires à Doliene. Cela dit, elles devraient être rapidement effectuées, et après quoi j’allais pouvoir procéder à de nombreux investissements et autres développement. Une politique agressive et expansionniste était de rigueur pour s’implanter, mais ça j’étais bien la seule à voir jusqu’à ce point, les autres manquant d’ambitions ou d’éducation… Toujours était-il que cela allait m’attirer des opposants, mais qu’ils viennent. J’avais déjà des alliés et des ressources.

‘’A bientôt, Svenbjornn. Puissiez-vous voyager sans encombre jusqu’à Heabury, et au-delà !’’

‘’Bonne route !’’