Comme beaucoup de héraut issus ou vivant à Gothregal, Niasci avait participé à la grande fête du jarl et c’était retrouvée semi prisonnière. On les avait poliment invités à les suivre au conseil des hérauts en leur imposant tout aussi poliment de ne pas refuser au risque d’avoir des arguments un poil plus agressif. Voyant cela comme une façon de représenter la Dame, Niasci avait suivi sans lutter et avait rejoint le convoi qui allait les conduire jusqu’au conseil. La route allait prendre une bonne semaine.

Pendant ce trajet, la surveillance était à la fois souple et stricte. Les gardes les accompagnaient et les entouraient tout au long de la route mais en leur laissant une liberté relative. Ils n’étaient, à part quelques exceptions, pas entravés dans leur mouvement et, s’ils ne pouvaient pas s’éloigner du groupe, ils avaient le loisir de se déplacer parmi les différents voyageurs et chariots qui formaient leur étrange rassemblement.

Au fil des jours, voyant que la plupart des hérauts ne cherchait pas à s’enfuir, ils purent même participer à la recherche de nourriture fraîche, bien que cela soit fait toujours entouré par des gardes afin d’éviter toute fuite. Cette participation permettait une bien meilleure efficacité car ils n’étaient plus obligés de diviser les troupes entre ceux qui gardaient le groupe de hérauts et ceux qui partaient à la chasse et qui devaient nourrir tous les autres.

L’Ondine participa volontiers à ces chasses : cela occupait la journée et permettait de s’écarter des grandes routes qui reliaient Gothregal à Tirione et qui ne l’intéressaient que moyennement. S’enfoncer dans les zones semi sauvages des alentours lui paraissaient beaucoup plus intéressants.

En effet, progressivement, la température changea et se réchauffa. Il faisait bien entendu toujours froid mais en comparaison avec le froid mordant de Gothregal, Tirione paraissait avoir des températures presque douces. Les paysages étaient donc très différents et Niasci put voir des plantes qu’elle n’avait jamais vues auparavant. Le sol lui-même était différent, beaucoup moins sec et rocheux que ce qu’elle connaissait. La vie était également plus régulière et ils croisaient de nombreux villages sur les routes avec lesquelles ils échangèrent parfois le produit de leur chasse contre du pain où d’autres denrées qui se conservaient moins et qu’ils ne pouvaient produire en cours de route.

Un jour, ils chassèrent une créature qui s’appelait le Baloths. On lui dit que c’était une sorte de gros sanglier qui ne se trouvait qu’à Tirione. Niasci était très curieuse de découvrir celle-ci et participa donc à l’aveuglette à la chasse puisqu’elle n’en connaissait pas l’apparence exacte. Elle suivit les instructions et ils pistèrent l’une de ces créatures sur quelques kilomètres. Ils finirent par parvenir à la prendre en embuscade. Les archers tirèrent quelques flèches mais la créature était plus rapide et agile qu’elle en avait l’air et ils peinèrent à l’achever. Lassée d’attendre et peinant de voir cette créature fatiguer sous les blessures et se vider progressivement de son sang, Niasci finit par se diriger vers elle et la frappa à la tête du manche de son marteau afin de assommer et de pouvoir proprement l’achever juste après. Ils l’emmenèrent jusqu’au convoi où elle fut vidée et nettoyée avec plaisir car sa belle taille annonçait de la viande pour tout le monde ce soir là, après la longue marche de la journée. En récompense pour sa participation, Niasci put récupérer sur celle-ci quelques défenses et une partie du cuir qui la composait.

Quelques jours plus tard, ils devinrent non plus les chasseurs mais les traqués. Alors qu’un groupe composé de 4 gardes et deux hérauts dont Niasci était en train de ramener des lapins qu’ils avaient attrapés sur des sentiers parallèles à la route principale mais peu fréquenté, ils se sentirent observés. Ils observèrent les alentours mais ne purent repérer aucune trace humanoïde qui aurait pu être agressive. Ils continuèrent donc leur cueillette sans se méfier outre mesure.

S’étant quelque peu éloignée du groupe, Niasci fut basculée par une brusque poussée. Elle se retourna, évitant ainsi un coup porté vers sa gorge et pu voir le Rolron qui se trouvait face à elle et qui avait probablement profité de sa solitude pour tenter d’en faire son repas en l’éminant rapidement. Elle apprit par après que cette créature devait en réalité vouloir récupérer les lapins accrochés à sa ceinture. Elle appela les autres membres du groupe tout en saisissant sont marteau à l’horizontal pour garder la créature éloignée. Comme elle était couchée au sol, les autres tardèrent à réagir et elle dut se débrouiller seule. Elle tenta donc une poussée et parvint à se relever. Elle fit trembler l’air des coups de marteau qu’elle donnait rageusement pour toucher ou tout du moins garder la créature à distance. Dans le feu de l’action, elle heurta un rocher qui se brisa en de nombreux morceaux dévoilant une roche étrange sous une première couche superficielle. Niasci finit par être rejointe par les autres et ils éliminèrent la créature afin d'avoir de la viande supplémentaire. Niasci récupéra les glandes en trophée ainsi que la roche qui, d’après les gardes qui l’entouraient, était du fer et pourrait lui être utile.

Le reste du voyage jusqu’à Tirione se passa sans encombre. Un peu avant l’arrivée à la capitale, les gardes durcirent quelque peu leur surveillance, probablement pour ne pas perdre la face par rapport à la dureté militaire que Niasci put rapidement constater en arrivant aux abords de la cité que l’on appelait « Heabury ».