L’aube se leva. Niasci se réveilla et essuya la rosée qui s’était posée partout sur son corps. Elle prit un peu de temps, vérifia le contenu de son sac et s’installa pour manger le reste de son repas d’hier. La viande était froide et sèche mais le lièvre avait un gout fort et ce n’était donc pas si mauvais. Elle empaqueta ce qui resterait, elle le mangerait plus tard quand elle aurait à nouveau faim. Ce n’était pas la peine de rationner, la viande n’allait de toute façon pas se conserver longtemps.
Pendant qu’elle se réveillait et se préparait à partir, elle ne remarquait pas le petit groupe présent dans les buissons. Ils étaient quatre et cela faisait une bonne heure qu’ils étaient réveillés. En effet, il avait passé la nuit sur place. La veille, ils avaient parcouru la petite route serpentée au soir, espérant tomber sur un marchand qui ne s’était pas encore abrité pour la nuit. C’était la rengaine habituelle, ils voulaient lui faire les poches, récupérer la marchandise et abandonner leur victime sur un coin de la route, au mieux dépouillée, au pire morte si elle avait résisté.
Ils étaient déçus de n’avoir croisé personne mais avait rapidement pris une décision en voyant à une colonne de fumée se dessiner dans le ciel au fur et à mesure que la nuit tombait. Cependant, le feu fut rapidement éteint et quand ils la trouvèrent, il faisait terriblement sombre et ils ne pouvaient pas s’approcher sans bruit. Ils avaient bien essayé mais chaque pas faisait fuir plusieurs animaux et elle aurait forcément fini par se rendre compte de quelque chose. Ils avaient donc décidé d’attendre l’aube, dormant à tour de rôle.
Ils se placèrent autour d’elle prêts à attaquer. Alors qu’elle ramassait son sac et le mettait sur son dos, ils foncèrent sur elle, épée à la main. Ils s’arrêtèrent à un mètre d’elle. Ils eurent une seconde où ils furent comme bloqués, choqués parce ce qu’ils voyaient. L’un d’eux se reprit cependant avant que Niasci ait eu le temps de réagir :
Rends toi, dépose ton sac et ton argent où tu mourras !
L’Ondine laissa glisser le sac de son épaule, espérant pouvoir y attraper une des épées qu’elle devait livrer. Malheureusement, celles-ci n’étaient pas accessibles. L’un des hommes se rapprocha d’elle, pointant son arme sur sa gorge pour la punir de sa tentative de résistance. Au dernier moment, l’un de ses compagnons, celui qui semblait le plus vieux, l’arrêta :
Attends. Elle n’est pas humaine, on la garde en vie et on l’emmène avec nous. On pourra surement en tirer un bon prix : collectionneur, amateur d’exotisme ou au pire, scientifique et autres alchimistes pourraient apprécier son corps ou au minimum ses organes.
L’un d’eux vint ramasser le sac d’armes. Deux autres l’immobilisèrent en attachant ses bras et ses jambes ne laissant qu’une trentaine de centimètre d’espace possible, lui permettant seulement de marcher. Ils la poussèrent ensuite sur la route. Elle suivit, n’ayant, pour l’instant, pas les moyens de leur résister.