Niasci venait de quitter la ville. Une fois de plus, elle profitait d’un peu de repos bien mérité pour aller se ressourcer près de la rivière de flèche. Elle avait beau apprécier la demeure offerte par le jarl, elle ne se sentait pas parfaitement chez elle au milieu des humains. Elle continuait de les trouver superficiel et leur reprochait autant le caractère vain de la plupart de leurs actes que leur manque de ferveur envers la dame. Cela dit, maintenant qu’elle commençait à faire partie du paysage en ville, les gens faisaient moins attention à elle et l’Ondine avait pu entendre murmurer le nom des dieux lumineux dans quelques conversations. Tout n’était donc pas perdu.

Elle arriva à proximité de la rivière, faisant cette fois bien attention à l’endroit où elle s’asseyait, elle ne comptait pas encore retomber sur la créature rencontrée la dernière fois et qui avait failli lui faire la peau. Il commençait doucement à refaire plus chaud et Niasci comptait bien profiter du retour des premiers rayons de soleil.

Après quelques heures à alterner entre regarder les quelques nuages qui tranchaient sur le ciel bleu, les poissons qui se baladaient dans une eau enfin dégelée et les petits animaux de la forêt qui continuaient leurs activités sans se préoccuper d’elle outre mesure, elle remarqua que ces derniers étaient de plus en plus nombreux à être de passage dans son petit bosquet. Soit qu’elle les attira, ce qui était fort peu probable vu qu’elle n’avait jamais eu d’affinité particulière avec les animaux soit que quelque chose les faisait fuir. La seconde version étant beaucoup plus probable, elle se redressa et attrapa son marteau, sur ses gardes en se retournant régulièrement afin de ne pas être prise par surprise. C’était peut-être simplement un animal qui faisait beaucoup de bruit mais depuis l’incident de la dernière fois, elle préférait être prudente.

Elle se raidit lorsqu’elle entendit des pas. Ce n’était clairement pas un animal au vu du manque de discrétion, elle entendait des feuilles se froisser et des branches se briser à chaque de ses pas. Était-ce pour autant humain ou issu de Bariande ? D’après son expérience, ce n’était pas forcément le cas, elle avait déjà rencontré plusieurs hérauts dans les alentours et aucun d’entre eux ne venait de ce monde. Il ne lui restait plus qu’à espérer qu’il ne soit hostile. Si c’était un héraut, allait-il être affilié à Gothregal d’ailleurs ? Et s’il ne l’était pas et surtout, s’il n’était affilié à personne, quelle attitude devrait-elle adopter ? Certes, Niasci avait refusé de rejoindre les chasseurs de héraut mais pourrait-elle être blâmée si on apprenait qu’elle avait laissé l’un de ces électrons libres courir sans entrave ?

La silhouette se clarifia un peu, il était à peine humanoïde : voûté avec des longs membres et la forme de sa tête était très étrange. D’après l’expérience de Niasci, c’était soit un héraut avec une forme étrange comme elle en avait vu quelques-uns au conseil, soit un loup garou en cours de transformation. Dans tous les cas, elle devait être très prudente. Elle le mit donc en garde, espérant une réaction rapide.

L’individu n’attaqua finalement pas, au grand soulagement de Niasci. Cependant, il semblait mécontent et s’approcha en se plaignant de son manque de politesse. Il commença par la traiter de lézard en témoignant ne pas savoir si elle était une représentante féminine ou masculine de sa race. Il avait un comportement très étrange car même si ses paroles semblaient agressives (semblaient car Niasci ne comprenait pas le sens de certains des mots utilisés), il n’avait pas l’air de vouloir attaquer l’Ondine.



Niasci avait déjà vu ce genre d’individu. Ce n’était pas exactement le même mais un des hérauts présent au conseil portait lui aussi une étrange armure. Peut-être venaient-ils tous les deux du même endroit ? L’armure semblait malgré tout très différente et leur façon de parler également, elle ne savait pas vraiment à quoi s’attendre. Contrairement à l’autre armure, particulièrement calme et posée, celui-ci avait un comportement qu’elle avait déjà pu rencontrer chez quelques habitants de la ville, surtout tard le soir ou lors de grandes fêtes.

Le hoquet finit de lui mettre le doute. Était-il vraiment soul ? Ici, au milieu de nulle part ? Qu’avait-il bien pu boire ? A moins qu’il y ait un village non loin d’ici où il avait pu trouver de l’alcool. Il avait du marcher au hasard jusqu’ici. En tout cas, il était certain que cette armure était un héraut. Elle chercha des yeux son sceau national. Elle ne se souvenait pas l’avoir vu au grand conseil et ne trouva pas de marque. Peut-être était-elle discrète, elle lui laissa le bénéfice du doute et soupira, espérant pouvoir partir rapidement et éviter d’avoir une trop longue conversation avec un ivrogne.

Elle fit quelques pas vers lui qui se trouvait sur le chemin qu’elle voulait emprunter. Alors qu’elle était juste devant lui, elle entendit un bruit étrange en posant son pied. Le sol se déroba et elle essaya de se raccrocher à la seule chose à sa portée : le héraut en armure. Malheureusement, il devait être trop faible, trop soul ou trop surpris pour la maintenir elle et son lourd marteau qu’elle n’avait pas lâché car elle l’emporta dans sa chute. Ils dévalèrent une sorte de long couloir en pente et finir par tomber de deux ou trois mètres de haut dans un amas de déchet organiques gluants qui vinrent se coller à leur visage, leur bras et leurs vêtements. Elle entendit un petit rire résonner partout dans la pièce mais n’en vit pas la source.

Elle se redressa avec difficulté, s’enfonçant dans les immondices jusqu’à la mi-cuisse à chaque pas. L’Ondine observa les alentours attentivement mais ne vit personne. Il y avait juste une grande porte derrière laquelle semblait venir du bruit et une toute petite entrée qui semblait être le début d’un tunnel, surement le chemin par lequel était acheminé toute ces crasses. Elle regarda ensuite le trou par lequel ils étaient tombés. Impossible de remonter au vu de la hauteur à laquelle il se trouvait. Elle jura. Décidément, elle ne pourrait jamais se promener tranquillement. Elle se tourna ensuite vers l’homme :

Spoiler:

Tandis qu’elle réfléchissait à un moyen de sortir d’ici, l’esprit plein des types de dangers dans lesquels ils pouvaient s’être fourrés. Bariande était pleine de créature toutes les plus dangereuses les unes que les autres et Niasci craignait une fois de plus de tomber sur l’une d’elles. Pendant ce temps, lui ne faisait que se plaindre de sa bouteille brisée. Il en était très énervé et cela agaça l’Ondine. Il ne semblait pas se rendre compte du problème potentiel dans lequel ils se trouvaient. Il se plaignit également d’elle. Certes, c’était sa faute s’il se trouvait là mais elle ne l’avait pas fait exprès et vu l’état alcoolisée de l’armure, elle aurait presque préféré se retrouver là seule plutôt que de trainer un ivrogne derrière elle. En plus, il semblait que les effluves d’alcool suffisent à la rendre malade car elle crut voir que son bras était tombé et qu’il avait pu le remettre.



Il choisit d’aller plutôt du côté de la porte. Niasci était déçue de cette réponse mais pas surprise. Cette grande porte risquait de les menait à un endroit plutôt dangereux alors que le souterrain leur permettrait probablement d’être discret. Mais bon, l’Ondine avait déjà du mal à garder l’attention de l’armure vers la situation et ils auraient plus de chance de s’en sortir à deux. Elle n’insista donc pas.

Elle alla donc vers la porte, collant son oreille contre celle-ci. Des discussions venaient clairement de cet endroit. Elle soupira, il fallait bien avancer à un moment ou à un autre, peut-être était-ce simplement la demeure d’un humain un peu étrange qui leur indiquerait aimablement la sortie.

Niasci ouvrit la porte en tenant son marteau, prête à intervenir. Elle fut surprise de découvrir derrière la porte plusieurs personnes qui ne firent d’abord pas attention à elle. Plusieurs hommes étaient attablés autour d’une grande table et jouissaient des plaisirs de l’alcool et de plats rustiques mais gourmands. Sur le coup, ils faisaient tant de bruits qu’ils ne l’entendirent pas arriver.

La pièce était de grande taille avec des piliers et un haut plafond. Il y avait peu de meubles à part la grande table et le son résonnait donc grandement dans celle-ci. Niasci espéra un instant qu’ils pourraient partir sans se faire remarquer. Elle essaya donc de se glisser derrière un pilier. Au vu de la piètre discrétion de l’Ondine, cela ne fonctionna pas et les grandes conversations s’interrompirent en la voyant :



Plusieurs acquièrent en coeur. Il attrapa son arme qui était posée à ses côtés et Niasci remarqua que chaque homme avait une arme posée non loin de lui telle qu’une épée, une rapière voire, pour les moins expérimentés en combat, un gourdin.

Spoiler:

Malgré ses espoirs, Niasci ne parvint pas à passer inaperçu. Elle jura lorsqu’on homme, visiblement ivre, se tourna vers elle en prévenant ses camarades qui semblaient eux-mêmes plutôt bien entamés. Ils se tournèrent tous vers eux et certains attrapèrent même les armes qui se trouvaient à leurs côtés et ils avaient beau les tenir maladroitement, seule, Niasci n’avait pas la moindre chance face à leur nombre. Elle attrapa son arme, prête à frapper et tourna la tête pour voir si l’amure ivrogne était également prête à donner tout ce qu’elle avait sinon, c’était clairement fini pour eux. Elle le vit dès lors le pointer du doigt en leur proposant de faire d’elle leur nouveau jouet.

Elle fut tellement choquée de cette remarque qu’elle resta muette de stupeur tandis qu’elle voyait l’autre disparaitre derrière la porte, probablement pour tenter de s’enfuir. L’Ondine sentit une main se poser sur son épaule, elle retourna son marteau de façon frénétique, envoyant au sol l’homme qui l’avait approchée en laissant des traces de glace sur son torse. Consciente de la situation des plus difficile dans laquelle elle se trouvait, elle se défendait de toutes ses forces, espérant pouvoir prendre la même route que l’autre.

Malgré ses efforts, elle se retrouva plaquée sur le mur sans avoir l’espace suffisant pour se battre efficacement. Elle fut rapidement submergée par le monde, chacun essayant de la toucher et de s’approcher au plus près d’elle. Sentant une main remonter le long de sa cuisse et se sachant perdue, elle redoubla d’effort, soufflant de la glace devant elle aussi fort qu’elle le pouvait. Les doigts des hommes commencèrent à se geler et ils hurlèrent en regardant leurs mains. Poussée par la nécessité, elle hurlait en crachant sa glace par flots ininterrompus. Voyant l’un de ses doigts tomber, un homme hurla et lui planta son épée dans la gorge.

Un flot de sang sortit de sa gorge transpercée par l’épée et elle tomba à genou, lâchant son arme. Tout devint noir devant ses yeux et elle s’écroula enfonçant plus profondément l’arme tandis que les autres lui jetaient leurs bouteilles en poussant un petit cri de frustration. Ils retournèrent ensuite à leur festin.


Une fois la porte franchie, Galdan retrouva la pièce dans laquelle il se trouvait auparavant. Il ne lui restait plus comme issue que le petit couloir. Il entendit également à nouveau résonner dans la pièce les étranges rires qu’ils avaient déjà pu percevoir à leur arrivée.

Spoiler:

Galdan décide donc de s’engouffrer dans le petit tunnel. Celui-ci n’est pas si étroit que cela pour un être humain normal. Cependant, au vu de la taille et de la carrure de l’armure, ses épaules frôlent presque les bords. En termes de hauteur, Galdan peut avancer à quatre pattes. De la même façon, il frôle légèrement le plafond. Tout autour de celui-ci, on peut apercevoir des sortes de mini tunnels où l’on peut à peine enfoncer une main. Par ceux-ci Galdan entend un petit rire qui résonne en Rapidement, il peut également se rendre compte que le chemin descend plus profondément sous terre.
En progressant dans celui-ci, il sent à un moment une dalle s’enfoncer sous ses genoux. A ce moment, un flot de liquide gras tombe de nombreuses petites ouvertures creusées dans le plafond. Une odeur écœurante d’huile envahit l’air et le sol devient extrêmement glissant.

- Réalise un jet de dé : entre 1 et 5, tu glisses de façon incontrôlée, entre 6 et 10, tu parviens à garder le contrôle.

entre 1 et 5:

entre 6 et 10:

Alors qu'il fixait le mage, Galdan sentit dans son dos une pierre céder. En allant y regarder de plus prêt, il put constater la fragilité du mur qui donnait directement sur un autre tunnel. En écartant quelques pierres, il put s'engouffrer dans celui-ci sans se faire remarquer.

Il suivit l'étroit tunnel pendant de longues minutes. Celui-ci le forçait à garder les épaules très collées et la tête basse mais il remontait et c'était la meilleure chance de sortir qu'il avait eu jusqu'à maintenant. Arrivé au bout du chemin, il ne restait plus qu'une trappe pour lui bloquer la route. Celle-ci était fermée mais terriblement rouillée et il parvint à la dégonder après plusieurs minutes d'effort. Puis, enfin, la lumière du jour et il put repartir et reprendre sa route en laissant le corps de sa rencontre impromptue derrière lui.

Galdan continua son voyage tandis que, à Gothregal, quelque part près de la rivière, des hommes pillent régulièrement des caravanes pour obtenir richesse et esclave tandis qu'un mage continue ses expériences folles sur les corps de malheureux voyageurs...