Après quelques temps sur la route, Niasci s’arrêta à une petite auberge. Le poids des plaques et du marteau ensemble était conséquent et elle avait besoin de se reposer un peu où elle ne parviendrait pas à rentrer chez elle sans se blesser. L’endroit était petit et servait principalement à accueillir des voyageurs de passage qui souhaitaient se reposer ou se restaurer. Il n’y avait que quelques grandes tables que les clients devaient se partager. Niasci s’assit donc en face d’un homme qui portait une longue robe et qui était en train de boire un grand pichet de bière.
Elle-même commanda de l’Hydromel ainsi que le plat du jour. On lui apporta rapidement son pichet d’hydromel et l’homme en face d’elle fut servit en même d’une belle quantité de viande accompagnée par une grosse pâte de blé passée au four qui formait des petits pains à tremper dans la sauce. Niasci reçut un peu plus tard la même assiette et commença à manger dans le silence. L’homme en face d’elle décidé par contre d’entamer la conversation :
On voit peut de gens comme vous par ici. Vous êtes de la région ?
Oui, je suis née à quelques centaines de kilomètres d’ici. Et vous ? Vous portez une tenue bien étrange.
Je suis un prêtre. J’écume cette région pour remplir mon office en allant de village en village.
Niasci fut bloquée sur le moment. L’attaquer, ne pas l’attaquer ? Elle posa la main sur son marteau mais l’aubergiste attentif vint lui demander, inquiet, s’il y avait un problème. Après tout, le pauvre homme ne voulait pas de bagarre si de dégât dans son établissement. Elle se détendit. C’était la religion dominante et éliminer ce prêtre ne changerait pas grand-chose mis à part l’empêcher de réaliser ses objectifs en étant mise en prison et privée de tout les progrès et l’intégration qu’elle avait réussi à gagner jusqu’à présent.
Par contre, il était hors de question de ne pas profiter de cette situation, elle avait de nombreuses questions à poser à cet homme sur ses croyances. Elle ne comprenait pas le culte des dieux sombres puisque, même avant sa révélation de la Dame, son clan avait un culte plutôt généralisé et porté sur la nature que sur les dieux sombres.
Je suis un héraut. J’ai eu un sceau de Yedith et de Aktih sur les poignets il y a quelques temps. Comment-ceux fonctionnaient-ils ?
Difficile à dire pour moi. Ce sont des sceaux que seuls des prêtres mages expérimentés ont pu vous appliquer. Cela dit, selon moi mais ce n’est que pure supposition, il devait s’agir d’un sceau basé sur un entrelacs de magie comme l’est le règne des deux frères sur Tirione. Etant les dieux du chagrin et du regret, les sceaux devaient également avoir des effets secondaires violents calqués sur les capacités de ces dieux. Cependant, ce ne sont pas les dieux les plus vénérés à Gothregal. Ici, on prie Shagrod, un dieu violent qui prône le massacre. C’est de lui que nous vient notre amour de la belle bataille de et de la stratégie militaire. J’espère que vous-même priez régulièrement les dieux.
Niasci répondit par l’affirmative en pensant à sa propre déesse qu’elle priait régulièrement. Elle se leva ensuite, alla régler son repas et se dirigea vers la sortie. Il ne fallait pas qu’elle prolonge plus cette discussion car elle risquait de s’énerver et ne pourrait pas mentir si on sortait des généralités pour entrer dans le registre de la croyance.