Alors que le mage de soin partait aider d’autres personnes et que sa fille courrait allumer des foyers, la guérisseuse commença à passer voir les blessés un par un. Un villageois l’avait rejoint pour voir s’il pouvait également faire quelque chose et elle l’avait envoyé construire un brancard et trouver quelqu’un d’autre pour transporter les victimes qui pouvaient l’être. Ainsi, à chaque personne qu’elle croisait, elle tentait d’effectuer un diagnostic rapide. Si le malade n’était que peu touché, elle lui indiquait le rassemblement de gens pour qu’il s’y rende lui-même, un peu plus gravement atteint elle lui demandait d’attendre qu’on vienne le récupérer et si sa vie était en danger immédiat, elle s’occupait aussitôt de le soigner. Cette organisation mécanique lui permettait de ne pas trop réfléchir aux horreurs qu’elle voyait, personne après personne, les plaies ouvertes, les membres arrachés, les souffles de vie qui s’éteignaient alors qu’elle s’acharnait … Elle fermait les yeux sur les cadavres d’enfants recouverts du corps de leurs parents tentant de les protéger, de vieillard brandissant un bout de bois au destin, elle se contentait de passer son chemin quand il n’y avait rien à faire, soit la majorité du temps.
Lorsque l’homonculus revint, elle était penchée sur une petite fille qui avait perdus ses deux jambes, coincées sous la poutre d’une maison qui s’était effondrée sur elle. Doucement, la soigneuse tentait de dégager le lourd tronc pour pouvoir stopper l’hémorragie, se heurtant aux gémissements misérables de sa patiente qui sanglotait de souffrance.
- Tout va bien se passer, courage, c’est bientôt finis, après je te promet de calmer la douleur.
L’archère avait envisagé de trancher la poutre grâce à ses pouvoirs, mais elle n’avait plus l’énergie d’utiliser son Fluide, qu’il soit rouge ou vert, cela faisait déjà plusieurs minutes qu’elle était passée à l’utilisation d’une médecine plus traditionnelle, incapable de soulager ses patients comme à l’ordinaire. L’amie des animaux lança un regard triste à sa protégée, désolée de lui imposer un tel spectacle.
- Peut-être que tu pourrais essayer de la rassurer ? De lui faire penser à autre chose ? A moins que tu ai une solution pour réduire sa douleur ou pour dégager ça plus rapidement ...
Quel que soit ce que choisirait de faire la rosée, la Druidesse se sentait de toute manière mieux quand elle était à ses côtés. Sa fille illuminait par sa seule présence les endroits où elle était, même un endroit horrible dans ce genre. Elle insufflait de l’espoir dans les poumons de la chasseuse.