L’on pouvait dire que s’il y avait bien un moyen de ne pas s’attirer les faveurs du conseil, c’était de brûler la salle quasi sacrée qui leur tenait lieu d’endroit de réunion depuis plusieurs années maintenant que dame Wenton s’en était arrogé la prérogative. Heureusement pour Orina, Deswann, fort réactif, se redressa sur sa chaise et pointa sa paume vers le plafond où une large rune apparut en surbrillance avant de disparaître aussitôt, remplacée par un torrent de pluie qui s’abattit sur la fille aux cheveux roses et son entourage, éteignant d’un même coup le feu tout en lançant un regard mi-furibond mi-intéressé à la responsable du quasi désastre.
Après un petit rire de l’ondine, Sahronglaag reposa encore une fois la même question que les maîtres des nations avaient finis par comprendre. Ils se regardèrent tous, réfléchissant à qui donner la parole en premier. Fort logiquement, ce fut encore une fois la présidente du conseil qui eut cet honneur et se leva donc avec une grâce et une noblesse toute naturelle pour exprimer les réponses générales ainsi que les détails liés à sa nation.
- Le sceau qui vous est donné vous empêchera de vous retourner contre votre nation ou de fomenter une alliance contre elle. C’est tout. Il ne pourra vous contraindre à rester au même endroit ou d’autres choses de ce genre. Chacun de nous a décidé d’octroyer des privilèges différents à ses Hérauts. Pour ce qui est de Tirione, je vous garantis une place parmi les Oru, la classe noble de mon pays. Vous pourrez donc avoir esclaves et richesses à profusion si vous vous conformez à nos lois. Nous souhaitons créer une alliance équitable avec vous, un prêté pour un rendu. Une part infime de votre liberté, contre la richesse et le pouvoir.
Sur ce elle se rassit, laissant Deswann se lever à son tour.
- Je tiens à préciser que tous les Hérauts possédant des pouvoirs magiques, qu’ils soient de notre nation ou non, devront à un moment ou à un autre se faire recenser par notre conseil. Il est hors de question que des pouvoirs inconnus circulent librement. En dehors de ceci nous proposons à nos Hérauts un accès au château du conseil en tant que résident libre ainsi qu’une formation pour ceux qui le désirent et en ont les capacités. Pour ceux souhaitant vivre dans le reste du pays, nous ne pouvons en revanche rien garantir.
L’archimage se rassit tout en faisant un signe de tête à Elli qui se dressa de toute sa taille.
- Chère Arkazock, c’est avec plaisir que j’accepterais de vous confier une part de la frontière verdoyante enlaçant les dunes à l'Est de Falasea, près du canal pourpre. Il y a cependant plusieurs conditions à cela. Premièrement, mon collègue Deswann devra enchanter un anneau que vous devrez porter en toute circonstance pour ne pas faire dépérir notre magnifique flore. L’autre étant que ce domaine ne vous appartiendra pas totalement mais sera sous l’autorité du conseil des anciens. Vous subirez des inspections régulières et tous les Hérauts y résidant, ne serait-ce qu’une nuit, devront être recensés et porter sinon le sceau de Gondone, un sceau de nation. Ne saurait y être toléré un Héraut dissident. Me suis-je bien fait comprendre ? Pour ce qu’il s’agit des autres, nous n’avons aucun privilège à vous donner car les privilèges se gagnent avec le respect et l’expérience. Si vous souhaitez nous rejoindre, nous vous traiterons comme n’importe quel citoyen de nos plaines. Vous aurez un toit et de quoi vous nourrir ainsi que l’accès à nos connaissances.
Après que l’elfe eut reprit place sur sa chaise, le Gothregalien se leva à son tour.
- Je n’ai pas plus à vous donner que ma consoeur. Si vous souhaitez intégrer notre nation, je vous trouverais un travail pour que vous puissiez dormir et manger à votre faim si vous en avez besoin. Je veillerais à ce qu’on ne vous discrimine pas par votre condition et à ce que mes concitoyens vous laissent autant de portes ouvertes que si vous étiez n’importe qui. Mais n’attendez pas de moi plus de faveurs, ce que vous aurez, il vous faudra le gagner, comme n’importe qui.
Le jarl se laissa tomber dans sa chaise. Il n’avait pas répondu à la provocation de la rousse, ce n’était pas un problème qu’il souhaitait régler devant tout le monde. Si celle-ci voulait se rebeller, qu’elle y aille, et qu’elle en paye le prix. L’impératrice parla de nouveau, assise cette fois.
- Nous sommes prêts à recevoir les diverses allégeances dès maintenant pour ceux qui se seraient décidés. Pour les autres, nous vous laissons une semaine de réflexion et nous serons présents le 4 de Lifriss pour recevoir les autres allégeances, les vôtres et les hérauts arrivés éventuellement entre temps. Cependant, même si vous choisissez votre faction dès maintenant, vous êtes tous invités à revenir car nous aurons une annonce importante à vous faire. Passé ce délai, tous les hérauts qui ne se présenteront pas d’eux-mêmes à une capitale pour prêter allégeance seront considérés comme des criminels pour chaque nation et seront traqués sans relâche. S’ils ne meurent pas pendant cette traque, sachez que nous ne serons pas aussi cléments quant au choix que nous vous laissons aujourd’hui. Faites passer le message à tous les hérauts que vous croiserez.
- Spoiler: